Les autorités demandent à la population de réduire de façon importante ses interactions sociales.
Pour les praticiens du droit, le respect de ces consignes mène à modifier certaines de nos façons de travailler, mais aussi à nous questionner sur l'utilisation accrue de la technologie pour éviter les contacts, et ce, notamment pour traiter nos dossiers urgents.
Plusieurs consœurs et confrères se posent des questions sur l'assermentation. Vous le savez : une partie ou un témoin dans un dossier judiciaire peut avoir à énoncer par écrit des éléments factuels dans ce qu'on appelle une déclaration sous serment (anciennement appelée un affidavit).
C’est parfois le cas par exemple lorsqu'un parent dépose une demande pour modifier la garde d'un enfant. L’objectif sera alors d'exposer les raisons pour lesquelles il fait la demande.
Un avocat, un notaire, un greffier d'une cour de justice ou un commissaire à l'assermentation doit être présent lorsque la personne assermentée signe le document, puis il doit signer à son tour pour attester du serment donné.
Mais est-ce que la présence de cette personne qui assermente doit nécessairement être physique ou pourrait-elle être virtuelle?
Dans le contexte actuel de la pandémie de la COVID-19, des collègues du ministère de la Justice ont pris l'initiative de creuser cette question.
Ils en sont arrivés à la conclusion qu'une assermentation à distance qui utilise des moyens technologiques serait valide pour autant que les exigences suivantes soient respectées:
- La signature peut être apposée par divers moyens technologiques du moment où elle permet d’identifier les signataires et la manifestation de leur consentement;
- Le déclarant et le commissaire à l’assermentation doivent pouvoir se voir et s’entendre de manière simultanée, afin de respectivement prêter et recevoir le serment;
- Le déclarant et le commissaire à l’assermentation doivent pouvoir voir le document qui fait l’objet de l’assermentation;
- L’intégrité et, le cas échéant, la confidentialité des documents partagés et du processus d’assermentation doivent être assurées.
Concrètement : un téléphone intelligent ou une tablette munis d'une caméra pourraient être utilisés pour procéder à une assermentation à distance.
J’imagine la scène : je me connecte à un témoin par une application sur sa tablette qui nous permet de nous voir et de nous entendre. Il prête serment, je le vois signer le document, le numériser, puis me le transmettre par courriel. Afin de confirmer qu'il s'agit bien du même document, il me le montre à l'écran. Je peux donc signer à mon tour le document reçu par courriel, et l'affaire est réglée.
Des logiciels ou applications pourraient par ailleurs permettre de procéder à la signature du même document technologique, affiché simultanément sur deux écrans différents, et d'en arriver au même résultat plus simplement, tout en s'assurant du respect des exigences mentionnées ci-dessus.
Bref, en ces temps particuliers, des occasions de moderniser rapidement nos façons de faire se présentent à nous. Je suis convaincu que les efforts de chacun pour élaborer des moyens innovants nous permettront d'améliorer notre pratique à tous.
En conclusion, vous trouverez un aide-mémoire sur l'assermentation à distance en cliquant sur ce lien.
Alex
N. B. Avant toute utilisation de moyens technologiques, il importe de bien lire les conditions d’utilisation, notamment afin de s’assurer de la protection et de la confidentialité de l’information échangée.